EN COURS : ÉTAPE 2 L'Asie Centrale !
A TRAVERS LE MABRE DE GAZGAN
Notre quête de tailleurs de pierre, en Ouzbékistan, commence à Tachkent, dans l’usine Qizil Tosh que nous fait visiter Denis. Il est aujourd’hui l’un des responsables de l’entreprise et y travaille depuis 18 ans. Nous avons eu de la chance, car Denis parle très bien anglais, ce qui est rare dans ce pays polyglottes où le russe est plus largement utilisé. Ce matin d’octobre, sous un soleil habituel, nous découvrons donc un peu plus en détails l’activité de la taille de pierre ouzbèke. Il y a trois hangars qui datent de l’air soviétique et abritent les différentes activités : la coupe et les machines outils, les finitions mains, la mécanique et le stockage de plaques de marbres.
CULTURE PIERRE
Orianne Pieragnolo
10/21/20245 min read
Mais à côté de l’activité d’extraction qui commença à cet emplacement dans les années 70, il y eut l’implantation de savoir-faire propre aux tailleurs de pierre. Ici, plusieurs générations de “pierreux” se sont succédé, faisant de la pierre une histoire de famille avec la responsabilité de faire passer le savoir de père en fils.
Nous quittons le monde des carrières pour rencontrer l’un d’entre eux dans son atelier qui se trouve en plein centre du village. Car à Gazgan tout semble tourner autour de la pierre et faire vivre ses habitants.
L’atelier est enclavé à la fin d’un chemin de terre. Des bâtiments en terre crue et en moellons de marbres forment une cour dans laquelle une débiteuse, ayant certainement connu l’arrière-grand-père, tourne encore. Lorsque l’on entre dans l’atelier de taille de pierre, nous sommes accueillis par Rafik, souriant, la quarantaine et lui aussi issu d’une des familles de tailleur de pierre. Nous sommes très heureux de pouvoir enfin rencontrer un collègue ouzbek. Il nous présente son travail, des tombales massives entièrement gravées de calligraphies et de motifs, des bases traditionnelles, des balustrades ajourées, et… des assiettes ! Car il nous présente cette dernière réalisation comme l’une des spécialités locales. Ce sont des assiettes ou des plats, complètement taillées et polies à la main, avec parfois des gravures sur la surface concave.
Machines outils de l'usine de la marbrerie de Gazgan. À gauche une débiteuse coupe un bloc, à droite le stock et la vue sur l'atelier.
Ce matin d’octobre, sous un soleil habituel, nous découvrons donc un peu plus en détails l’activité de la taille de pierre ouzbèke. Il y a trois hangars qui datent de l’air soviétique et abritent les différentes activités : la coupe et les machines outils, les finitions mains, la mécanique et le stockage de plaques de marbres.
Dans ces locaux, les pierres sont taillées d’abord par des Machine-outil à commande numérique (CNC) , aux nombres de quatre puis les finitions se font par les mains d’une dizaine d’ouvriers. Les éléments qui sortent de l’entreprise sont principalement réalisés en pierre massive. Une rareté si l’on prend le marché des carreaux de pierres qui servent aux plaquages des façades et aux dallages. Ici, l’on peut voir des balustrades ajourées aux motifs traditionnels ouzbeks, des bases comme nous avions pu observer sous les colonnes en bois des péristyles des bâtiments. La plupart des éléments taillés que l’on peut voir, à ce moment, sont destinées à la construction du futur Centre de la civilisation islamique de Tachkent. Mais la pierre calcaire utilisée pour la confection de gardes corps ajourés ne nous paraît pas tant inconnue. En effet, Denis nous dit qu’elle provient du Portugal !
Nous découvrons donc l’arrière du décor, l’Ouzbékistan ne possède que peu de carrières et se voit donc dans l’obligation d’importer des pierres de nombreux pays comme le Kirghizstan ou l’Ukraine. Sur le territoire, il est extrait seulement trois types de roches : du marbre blanc aux veines multicolore (orange, noir, rose), un granit gris persillé de mica noir légèrement bleuté et une pierre calcaire couleur crème plus tendre.
En abordant ce sujet, Denis nous indique d’aller près de Navoi, à 200 km au sud de Tachkent, pour visiter les carrières de marbre blanc et les ateliers, aux côtés du collègue de Denis : Rkin. C’est ainsi que nous nous retrouvons deux jours plus tard, plantés au milieu du désert, au centre d’une carrière à ciel ouvert. Un paysage lunaire, où la technologie rouillée des années 70, donne une ambiance dystopique au lien, Ici s’extrait sur plusieurs hectares, le marbre si particulier qui a pris les couleurs poudrées et voluptueuse de la terre environnante. Autour de nous se dessine l’histoire d’une pierre, qui nous plonge deux fois à travers le temps. La première en observant la diversité incroyable du marbre de “”, avec des bancs qui se sont formés il y a plusieurs millions d’années. La deuxième est celle des Hommes qui ont gardé les machines et les infrastructures datant de l’air l’URSS. Toutefois, les méthodes ont changé, aujourd’hui, l’extraction se fait au fil diamanté alors qu’elle fut pratiquée à l’explosif durant des années, créant ainsi des failles irréversibles dans la roche. Aujourd’hui, ces stigmates rendent problématique l’utilisation de ce marbre pour des gros volumes.
Différentes vues de l'intérieur de la carrière de marbre de Gazgan qui montre la diversité de couleurs de cette pierre.
Lorsque nous quittons l’endroit, des paillettes dans les yeux, nous ne manquons pas de faire la photo de groupe sur laquelle les collègues posent fièrement. Elle sera là pour nous rappeler ses rencontres uniques, qui nous ont partagé sans filtres leur savoir-faire et accueilli à bras ouvert. À la fin de ces visites, nous repartons donc à travers le désert, silencieux, l’esprit et le ventre retourné, une fois encore, par les émotions de ces rencontres, leurs sourires et leurs hospitalités, la force de trouver à l’autre bout du monde des collègues qui parlent le même langage : celle des mains et de la matière.
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