A LA RECHERCHE DES TAILLEURS DE PIERRE

Mais alors, où sont aujourd'hui les tailleurs de pierre ? Bojan nous dit qu'il y a peut-être encore un ancien dans un village qui pourrait connaître la taille de pierre. Il nous apprend aussi, qu'en serbe l'on dit : Kesta, pour dire tailleur de pierre.
Dans le petit village de Rogljevo, l'on voit au loin les anciens miradors bulgares de la frontière. Nous sommes à peine à 20 kilomètres de la Bulgarie. Il y a une cave, l’une des seules du village encore active, tenue par deux Français. C'est là que nous allons enfin travailler en Serbie. Quelques jours, le temps de retailler un petit arc, puis de passer la frontière, et trouver de nouveaux collègues…

Le 29 mars dernier, nous avons passé la frontière serbe. Dans nos têtes, des airs de Goran Bregovic résonnaient, emportés par un sentiment de liberté et de défis. Car sur notre itinéraire, la Serbie est le seul pays où nous n'avions ni informations, ni référents préalables. Nous y arrivions avec comme unique repère un heureux message d'Andelka, architecte et professeure à l'école d'architecture de Belgrade, nous invitant à nous rencontrer.
Nous visions donc la capitale, en faisant escale à Sombor puis Novi Sad, les plus grandes villes jalonnant notre route. Nous y avons découvert la chaleur de la culture serbe, une vie rythmée de musique et de bonne humeur, de mains tendues et de spontanéité. Un environnement parfait pour mener à bien notre quête à la recherche de tailleurs de pierre. Alors, dès que l'on pouvait, nous demandions : « Connaîtriez-vous des Kamenorsac ? »

Vue de la cabine où se trouve la débiteuse

Début d'enquête

Dans les villes, oui, nous en trouvons. Mais nous comprenons vite que le terme définit le métier de marbrier et non celui de tailleur de pierre. C'est autour des cimetières que nous trouvons une concentration de l'activité. Ici, les enseignes s'enchaînent. Des stocks de plaques sont rangés en ligne à l'extérieur. Quelques ateliers artisanaux présentent le nécessaire pour travailler, des tombales en exposition, un petit local au milieu des pierres. La marbrerie est une profession à part, une spécialité dans les nombreux métiers de la pierre. Mais dans notre cas, elle est l'entrée pour comprendre l'activité de la taille de pierre en Serbie. Alors, nous frappons aux portes des Kamenoresac.
« Dober dan, do you speak english, german ? » La discussion commence et nous tâchons de demander s'ils sont aussi tailleur de pierre, s'ils travaillent sur les bâtiments ou pour la restauration de monuments. La réponse s'avère être toujours négative.
Pourtant, nous y croyons. Sur la route, même si l'influence des constructions austro-hongroises est majoritaire (structure brique et enduit très épais en plâtre), nous croisons quelques églises et belles bâtisses en pierre. Des piliers de portail, des encadrements de fenêtre, quelques escaliers… Mais où sont les tailleurs de pierre ?
La chance nous sourit lorsque l'on entend parler du Salon de la taille de pierre de Belgrade. Cela devient le meilleur moyen pour que nous puissions découvrir l'activité serbe. Nous y allons donc, aux côtés d'Andleka qui nous introduits auprès de l'organisateur du salon. C'est un ancien géologue, passionné de monument et étant à l'origine des stages de sculpture… La seule trace de formation que nous ayons trouvée dans tout le pays.

Enseignes et vue d'ateliers de "kamenorezac". Marbriers souvent spécialisés dans le funéraire

Kesta, les tailleurs de pierre oubliés

Mais où sont les tailleurs de pierre ?